Territoires

Auteur : Olivier Norek
Édition : Pocket
Pages : 374

Résumé :

 

 Depuis la dernière enquête du capitaine Victor Coste et de son équipe, le calme semble être revenu au sein du SDPJ 93. Pas pour longtemps, hélas ! L'exécution sommaire de trois jeunes caïds va les entraîner sur des pistes inimaginables. Des pains de cocaïne planqués chez des retraités, un chef de bande psychopathe d'à peine treize ans, des milices occultes recrutées dans des clubs de boxe financés par la municipalité, un adjoint au maire découvert mort chez lui, torturé...
et Coste se retrouve face à une armée de voyous impitoyables, capables de provoquer une véritable révolution. Mais qui sont les responsables de ce carnage qui, bientôt, mettra la ville à feu et à sang ? Avec ce polar admirablement maîtrisé, Olivier Norek nous plonge dans une série de drames terriblement humains et de stratégies criminelles - loin d'être aussi fictives qu'on pourrait le croire - où les assassins eux-mêmes sont manipulés.

Je vous avouerais que je me sentais fébrile à l'idée de commencer une nouvelle histoire avec le capitaine Costes... J'avais été profondément marquée par Code 93 qui m'a laissé un souvenir  impérissable mais qui a levé un voile que je ne pensais pas avoir sur les yeux.
Je déteste les policiers "super-héros" qui résolvent une enquête en agitant deux neurones, de ce fait je m'étais tournée vers le polar nordique que j'affectionne toujours mais qui reste bien loin de la réalité : si tous nos détectives carburaient aux anti dépresseurs ou à l'alcool, on aurait de quoi s'inquiéter non?

Olivier Norek, lieutenant de son état, nous montre un angle extrêmement réaliste du métier de policier : pas de super héros, pas de dépressif, juste des flics qui font leur métier malgré les rouages infernales de l'administration et la haine qu'ils peuvent susciter chez certains.
Autant vous dire qu'avoir un exemplaire dédicacé par l'auteur et offert par ma super copine Aurélie du blog DesLivresEtMoi7, c'était comme tenir un joyau entre les mains ou plutôt une plaque de police en or massif en l'occurrence.
Olivier Norek allait il continuer à me captiver avec son histoire? Et Costes continuerait t'il à être LE flic qui place la victime avant tout?  Je vous laisse le découvrir...

Ici, on rentre dans le mécanisme des citées, dans ces rouages invisibles qui lui permettent de fonctionner mais aussi d'éviter les débordements car dans "Territoires", vous allez être très surpris par le fonctionnement de ces "micro-villes" mais également par l'administration.
J'ai été littéralement scotchée et j'ai eu de la peine à reposer ce roman tellement il m'a captivé... Bon ok, je l'ai posé juste une fois pour dormir, mais c'est une bonne excuse, non?
On s'immerge dans la noirceur des caïds de la citée et de leurs méthodes expéditives pour récupérer un business ou tout simplement le pérenniser.

Ce bon vieux Costes, quel plaisir de le "revoir", lui et ses principes, lui qui incarne le métier de policier tel que je l'espère, tel que j'aimerais qu'il soit, tel que je le conçois. N'étant pas policière, je ne peux effectivement que faire des suppositions.
J'ai été surprise par des moments qui m'ont parus incongrus : cette manière de discuter en toute décontraction alors qu'ils sont en phase de se faire canarder m'a fait sourire car ayant un frère militaire (oui je raconte ma vie...), je sais que ce genre de discussion totalement détachée face à une situation qui va dégénérer est on ne peut plus réaliste et normale pour eux. Risquer leurs vies tous les jours est leur lot quotidien.
Les membres de la SDPJ 93 sont toujours aussi drôles et attachants et ressemblent à des gamins dont Costes serait la nounou. Ils se taquinent, se cherchent mais on les sent toujours dans une belle osmose qui est communicative.

L'auteur monte d'un cran avec ce roman que j'ai trouvé encore plus addictif et révélateur que le précédent. J'ai adoré en apprendre encore et encore sur la manière de fonctionner de la police et de la justice et de voir à quel point mener une enquête à bien sous le couvert de l'administration judiciaire est tout simplement un parcours du combattant.
Ces gardiens de la paix ne sont jamais libres de leurs gestes mais on leur demande malgré tout des résultats, comique? Aberrant ? Je vote pour la deuxième réponse...
Oui, c'est tout à fait le sentiment que j'ai eu face à une administration qui met des bâtons dans les roues de ses enquêteurs car elle même est tributaire d'autres règles.
Mille feuille administratif dites-vous? Oui mais un 9 parts...

Ce roman est comme une allumette, au départ froide, puis une étincelle, et là elle s'enflamme et plus la flamme monte en puissance, plus elle laisse de la cendre derrière elle  et plus elle a des chances de se rapprocher de vos doigts et vous brûler...

La plume de l'auteur est toujours aussi agréable et reste fluide malgré les descriptions sur le mode de fonctionnement de la Justice et de la Police, ce qui en soit est un véritable exploit.
Olivier Norek nous embarque dans son univers sans qu'on s'en rende compte et c'est un déchirement lorsqu'on tourne la dernière page.
Il ne m'a jamais été donné la chance de lire un polar de ce genre (sauf Code 93, bien évidemment) qui irradie de réalisme mais aussi et surtout d'humanité, car avant d'être des gardiens de la paix, ce sont des êtres humains avec une famille, peut être des enfants.

Alors il ne faut pas attendre qu'il y ait un drame pour saluer leur courage. 
Chaque jour des policiers meurent dans l'anonymat pour préserver notre paix et chaque jour, nous ne nous rendons pas compte de leurs sacrifices mais également de celui de leurs familles, moi la première.
Ainsi, je profite de cette chronique pour adresser un très humble MERCI à tous.

En bref, Olivier Norek persiste et signe un polar addictif et révélateur qui ne vous laissera pas de marbre!